Formation des apiculteurs : un serpent de mer
La question de la formation aux pratiques apicoles est un sujet récurrent ; c’est un sujet consistant car d’une part elle doit s’adapter aux historiques personnels et parcours professionnels, aux expériences, aux modèles d’exploitation… d’autre part elle se doit d’être actualisée pour intégrer les avancées de la recherche, des protocoles sanitaires évolutifs, les nouvelles menaces. Une dimension sociale également pour prendre en compte les facteurs connus de « résistance au changement » et la psychologie assez particulière du monde apicole.
Véritable serpent de mer, la formation des apiculteurs est régulièrement débattue (ce devrait être le cas en 2022 – 2023) sans qu’on puisse dire qu’une « gouvernance » consensuelle se dégage. En résumé, chacun fait ce qu’il peut de son côté avec plus ou moins de bonheur, alors que l’on sait bien que l’enjeu est important pour la santé, voire la survie de la filière.
Une initiative 2022 intéressante
Exception à la règle, dans le cadre du PAE (Programme Apicole Européen), l’ensemble des acteurs à vocation sanitaire de la filière se concertent pour la mise au point d’une « formation » sur une thématique particulière, formation proposée en priorité aux GDSA ou associations professionnelles et déroulée sous forme de « conférence – débat ». La construction et l’animation sont prises en charge par des vétérinaires apicoles de la SNGTV (l’association qui regroupe les « Groupements Techniques Vétérinaires » et qui, entre autres missions, est organisme de formation). Elle est donc proposée en priorité aux GDSA, à charge pour eux d’organiser la réunion, soit à l’occasion d’une Assemblée générale, soit d’une conférence technique. C’est gratuit pour le GDSA, FranceAgriMer défraie les vétos animateurs qui sont volontaires et formés à l’animation de cette conférence.
Le dispositif est en place depuis quelques années mais il est peu connu et étrangement on s’aperçoit que beaucoup de GDSA ne saisissent pas l’occasion. Manque de publicité de la chose ? Thèmes (pourtant choisis en concertation avec l’ensemble des organisations professionnelles) qui n’intéressent pas ? On ne sait pas trop. Mais c’est un peu dommage car l’entretien des connaissances des apiculteurs adhérents reste une mission des structures à vocation sanitaire probablement plus valorisante que de se limiter à distribuer les languettes anti-varroa.
Intrants en apiculture : une super thématique
C’est le thème des conférences 2022 et je recommande chaudement d’y participer si vous en avez l’occasion.
On considère comme « intrant » tout ce que l’apiculteur introduit directement ou indirectement dans la ruche, c’est-à-dire dans l’environnement immédiat de l’abeille. Les intrants apicoles sont de nature physique (matériaux de la ruche, cadres, cire etc.), chimiques (peintures, médicaments, désinfectants, produits de nourrissement etc.) ou biologiques.
L’intérêt de la formation est de toucher du doigt les inter-relations entre ces différents composants que l’on a traditionnellement tendance à évaluer séparément. Par exemple, choisir les matériaux de ses ruches c’est de fait choisir une méthode (et un protocole) de désinfection. Autre exemple le choix raisonné ou non d’un intrant chimique (traitement ou désinfection) s’évalue en fonction de sa toxicité immédiate mais on gagne à regarder également son stockage dans les cires, son relargage, bref sa persistance et les meilleures façons d’y faire face.
Bref le sujet est vraiment intéressant, c’est concret, il y a du contenu, cela permet de regarder « l’écosystème » de la ruche d’un œil un peu nouveau.
Une autre qualité de cette formation est que les avantages/inconvénients, c’est-à-dire la « balance bénéfices – risques » nous laisse complètement face à nos choix d’apiculteurs. On sait bien que l’idéal serait de n’introduire aucun « intrant » potentiellement perturbateur et n’existant pas dans l’environnement naturel de l’abeille mais le soin aux abeilles oblige à quelques choix ; donc autant les faire en connaissance. C’est donc une formation ni culpabilisante ni dogmatique qui intègre les connaissances les plus récentes sur ces différents sujets.
Vous êtes intéressé, comment participer ?
C’est à voir avec votre GDSA à qui en principe elle a dû être proposée et à qui il appartient de l’organiser.
Si votre syndicat n’a pas reçu l’information, il peut contacter le correspondant apicole de l’OVVT (i.e. le GTV régional).
A défaut, envoyez-moi un email (francois@apisvitae.fr) avec votre Département et je vous donnerai le contact.
Ces formations peuvent s’organiser entre janvier et septembre 2022. Elles sont proposées en priorité aux GDSA mais si le GDSA ne donne pas suite, elles peuvent l’être pour des associations apicoles locales représentatives. Attention FranceAgriMer n’en soutient qu’un nombre limité (i.e. en fin de période cela risque d’être difficile).
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