Une question qui nous est fréquemment posée : « J’ai envie de passer en bio, mais j’aimerais bien savoir ce que je gagne, ce que ça me coûtera ».
Question légitime, qui ne se regarde précisément qu’au cas par cas, mais avec tout de même des choses à savoir, à intégrer pour mieux se préparer.
On peut regarder ce que cela suppose sur les principales exigences du cahier des charges, ce qui permet un repérage des sujets à travailler. Ensuite, chacun est libre de se déterminer.
En préambule, on rappellera tout de même qu’il existe en fait deux cahiers de charges pour le miel bio : celui qui s’appuie sur les textes Européens de 2007 et 2008 d’une part et le cahier des charges « Nature et progrès » d’autre part. Rappelons aussi que l’obtention du label Bio ne s’obtient qu’à l’issue de la visite de contrôle d’un cabinet accrédité de votre choix et d’une période de conversion au bio d’une année (ce qui est court). On compte une quinzaine « d’Organismes Certificateurs » pour le miel en France, qui pratiquent des tarifs allant du raisonnable au … déraisonnable. Demandez un devis.
En ce qui concerne l’emplacement des ruchers : en période de floraison, plus de 50% des ressources mellifères dans un rayon de 3 km doivent être en culture bio. Par ailleurs il ne doit pas y avoir de « sources de pollution » (industrielle, incinérateur, autoroute…) à proximité. A vous de voir vos possibilités. Si vous transhumez, vous devez documenter et signaler les emplacements. A noter que vous avez la possibilité de gérer en parallèle des ruchers Bio et non Bio (par exemple si vous faites de la pollinisation sur des cultures non bio), mais au prix d’une certaine complexité dans les mesures que vous devrez prendre.
Pour le matériel, ce sera sans surprise le bois avec des traitements limités à la cire microcristalline, l’huile de lin ou la peinture à pigment aluminium, etc. Le plastiques est autorisé pour les planchers, les nourrisseurs, le matériel de greffage (cupules). Le polystyrène est autorisé pour les ruchettes. Attention, il va être très probablement interdit pour les partitions.
La cire est un sujet très important, mais il y a un gros hiatus, et de notre point de vue des questions à se poser sur la valeur de la cire bio du commerce. Pour être certifié en bio vous avez deux possibilités : Soit vous achetez de la cire en provenance « d’unités biologiques », soit vous tournez en autosuffisance (bâtisses libres et/ou cire gaufrée issue de votre cire d’opercules).
Le nourrissement est également assez encadré. La règle veut que les apports que vous faites soient à base de miel, avec dérogation si vous utilisez des sirops à base de sucre certifié bio (de canne donc, mais ce qui pose un autre problème). Selon les organismes certificateurs, le sirop d’agave bio (provenance Mexique) que l’on trouve sur le marché est accepté ou pas.
En matière de récolte et de procédé d’extraction, sont exclus les répulsifs chimiques, le chauffage et tous les procédés pouvant provoquer une adultération. Curieusement les exigences sont assez « light » sur la qualité alimentaire et la traçabilité.
Origine des abeilles. Les prescriptions sont assez confuses. On sent qu’il y avait une envie de recommandation pour l’abeille noire, mais le pragmatisme a transformé cela en « préférence pour Apis mellifera et ses écotypes locaux ». En revanche, il faut respecter l’obligation d’acheter des reines et essaims bio – donc provenant d’élevages certifiés – avec la possibilité de repeupler son cheptel en essaims conventionnels à hauteur de 10% (40% en cas de repeuplement d’urgence suite à une mortalité massive), une exception encadrée pour la récupération d’essaim « sauvage », etc.
Concernant le sanitaire, le sujet est essentiellement le choix d’un protocole anti varroa dont on sait qu’il sera plus précis et contraignant que la pose de lanières à libération lente. Il est vraiment important de bien vous mettre au clair sur les avantages inconvénients des produits autorisés en bio, pour rappel, soit les acides organiques (acide oxalique, acide formique), soit les molécules d’origine végétale (Thymol, menthol, camphre, huiles essentielles). On rappellera aussi qu’un protocole est un ensemble de mesures, application d’un traitement conformément aux conditions d’usage définies par le fabricant, mais aussi mesures de suivi d’infestation, mesures complémentaires (retrait de couvain de mâles), etc.
Et bien sur, il y aura nécessité de gérer une partie « back office » mais qui finalement reprend ce que devraient être la documentation d’une exploitation apicole – dont on peut rappeler qu’elle est un outil de suivi utile, et ne devrait pas être vécue comme une « punition administrative ».
Si vous avez des questions, des points à approfondir, n’hésitez pas à nous les soumettre.
Dans le cadre d’un diagnostic d’exploitation, Apis Vitae peut vous proposer une « analyse d’écarts » qui vous permettra :
- d’identifier vos points de progression pour solliciter la certification AB
- de vous conseiller sur les modalités de votre plan de progrès (pratiques, matériel, sanitaire, outillage)
- d’effectuer un « audit de certification à blanc » qui vous permettra de raccourcir le processus avec l’organisme de certification
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